Presse
Oui, on peut encore composer de délicieuses variations sur l'amour!
ffff
Une ode à l'amour, à la jouissance, à la fusion. Une supplique, et parfois même une complainte, quand le manque envahit le corps et l'esprit.
Et que le temps, soudain, se met à tor-turer. Tout entier, ce quatorzième (!) album du très prolifique et non moins discret Antoine Bataille est donc dédié à la passion, à ses enivrantes ou douloureuses sensations. Une œuvre osée, sans fioriture, sensuelle bien sûr, aux franges mêmes de l'érotisme, suspendue aux notes riches d'un pia-no. Qui parvient - performance - à ajouter une pierre singulière à l'infinie rhapsodie des chants amoureux.
Est-ce l'effet des mélodies, dont les motifs répétitifs et l'élégance rappellent Philip Glass? Celui des belles plages instrumentales, ponctuant sans prévenir cette carte du Tendre comme autant de parenthèses propres à la rêverie? L'étonnante alchimie des textes, dont l'épure pourtant maladroite semble porter une authenticité non feinte? Ou la voix retenue mais habitée, le chant quasi psalmodié, qui appelle l'écoute sans jamais la forcer ? Toujours est-il qu'on se love avec délices dans ce Crescent Hôtel, dont le bâtisseur navigue depuis longtemps entre chansons, compositions pour le théâtre et expérimentations musicales. Cette liberté de création, on la sent ici, qui irradie son disque. -
son disque.
Valérie Lehoux
Qu'est-ce qui peut attirer notre attention sur un artiste ? La surprise, donc Toriginalité, dans l'univers, la voix, la musique, les paroles s'il s'agit de chanson. On ne sait rien de la dizaine d'albums qu'Antoine Bataille a enregistré en vingt ans, ni de ses musiques de films ou de spectacles, mais ce disque nous plaît.
Parce que son chant, il le malaxe. Tantôt grave, tantôt haut pour mieux incarner ses textes, avec des accents à la Thiéfaine d'abord, à la Bashung parfois. Ses mots, il les promène avec lyrisme, une poésie brute d'où surgissent des doutes, de l'or, des mythes, l'eau, le feu, le bois, des séquoias, la forêt.
Ses personnages peignent, doutent, restent suspendus. Il faut accepter ce principe de phrases jetées, d'émotions en condensé. Cela pourrait tomber à plat si ses musiques ne portaient pas aussi bien les mots. les poussant, les sublimant. Musiques vrombissantes aux claviers, machines, piano, violon, batterie. On ne sait rien de Bataille mais Forêt est une séduisante performance.
Michel Troadec
Six ans près "Crescent Hôtel", salué par les critiques, puis "De l'indécence" (en avril 2021) où il avait notamment mis en musique des poèmes de Guillaume Apollinaire, Roger Gilbert- Lecomte et Fernando Pessoa, Antoine Bataille revient avec un nouvel album (le 16ème !) baptisé "Forêt".
Au hasard de titres comme "''Suspendus", "Archangelo", "Ode au doute", "Il peint".
"Séquoias".. l'auteur, compositeur, musicien et formidable défricheur de sons, nous invite à le suivre, en compagnie du violoniste Khoa-Vu Nguyen et du batteur Tom Drevet, pour une balade acoustique et électrique, dense et envoûtante, traversée de doutes joyeux et fertiles, bien loin des sentiers balisés de la chanson.
Rencontre avec un artiste féru de poésie et d'expérimentations sonores.
- L'argumentaire qui accompagne le sortie de "Forêt" ne cite pas le précédent album "De l'indécence".
Pourquoi ?
Sans doute parce qu'il a eu moins d'éclairage médiatique. Il est sorti durant une période particulière du fait de la pandémie. Il ne s'agit évidemment pas d'une hiérarchie de ma part. Sans faire une quelconque comparaison, je me souviens qu'à la mort d'Alain Bashung, il y a eu une impasse sur "L'imprudence" que je considère personnellement comme un chef-d'oeuvre.
-Ce nouvel album est bien le 16ème de votre discographie ?
Il paraît. Moi je ne m'en préoccupe pas. C'est un peu comme si on comptabilisait les tableaux d'un peintre.
Je m'attache juste à faire vivre les albums. Je sens que je pourrais enregistrer toute ma vie, même sur une Île déserte. Je me sens proche de Pessoa parce que, comme lui. je pourrais enfouir tout cela dans une malle !
-C'était aussi la démarche de votre mère Marie Bataille, auteur des textes de votre permier opus "Muti" ?
C'est vrai, elle fait partie de ces auteurs qui ne cherchent pas la postérité mais qui écrivent par nécessité.
En ce qui me concerne, cette nécessité est absolue et cela a plutôt tendance à s'aggraver. Ce qui m'enchante, c'est la scène car je m'y sens comme un animal sauvage. Rien ne me touche plus que certaines remarques de spectateurs comme cet homme qui m'a confié à l'issue d'un concert: "Je suis venu pour faire plaisir à ma femme parce votre truc ne m'inspirait pas vraiment sur le papier. Et j'ai pris mon pied !". Je n'aime pas trop quand on commence à me parler de concept. Quand je jouais dans la rue, on ne s'encombrait pas avec tout ça.
chance de rencontrer l'ingé son Alix Ewald qui a fait un travail extraordinaire.
-Quel souvenir gardez-vous de vos débuts dans la rue ?
En fait, je jouais sur un petit piano. La rue est un endroit où l'on n'a pas rendez-vous. Si une personne s'arrête, c'est qu'elle a envie d'être là. C'était un plaisir inouï.car je suis capable de passer des mois sur un son ! Pour "Forêt". j'ai eu la
-Quelle est la signification de ces mains qui semblent cacher un visage sur la pochette de l'album ?
Est-ce pour ne pas voir ou ne pas être vu ? Je laisse le choix ouvert...
-Sur scène, vous serez en formule trio ?
Oui, avec Khoa-Vu Nguyen, un violoniste totalement iconoclaste qui donne parfois l'impression de "tordre" son instrument et Tom Drevet, un jeune batteur qui vient du jazz. J'ai croisé ce dernier par hasard, il y a un an. Il a écouté ce que je faisais dans un train alors qu'il venait à Paris pour se produire au Baiser Salé.
Je suis heureux qu'il ait accepté de jouer avec nous. La batterie change tout le rapport à l'énergie dans un concert.
-Vous attachez toujours autant d'importance au son ?
C'est même une obsession car je suis capable de passer des mois sur un son ! Pour "Forêt", j'ai eu la chance de rencontrer l'ingé son Alix Ewald qui a fait un travail extraordinaire.
-Quand on vous connaît, on imagine que vous travaillez déjà sur un autre projet ?
Oui. Sur un album très rock, avec des textes en anglais écrits par Fernando Pessoa à la suite de son séjour en Afrique du Sud. J'avais envie de travailler la voix différemment, dans une autre langue que la mienne.
-Pouvez-vous nous parler de la chanson "Ode au doute" ?
Pour moi, le doute est la force motrice, la condition sine qua non de la création. La seule certitude saine face au monde.
lI est également derrière des musiques de films, des spectacles, des festivals, du théâtre, des expositions, des lectures musicales, des émissions de radio, ou encore des performances. lI a même assuré à une époque des concerts de rue (.)
Cete liberté qui ouvre el champ de l'improvisation et de l'éphémère (.) Alain Pilot /extrait de chronique
Auteur, compositeur, musicien, créateur de sons pour le théâtre et le cinéma...
Antoine Bataille est un artiste au parcours atypique. Le point commun de toutes ses activités? La poésie, la création, l'expérimentation. Et c'est bien ces 3 domaines que nous retrouvons dans sa musique.
Après "Crescent Hôtel" en 2017 et "De l'indécence" en 2021, il dévoile ce mois-ci "Forêt", une sorte d'ode au doute qui s'écoute autant avec les oreilles qu'avec les tripes.
"Forêt" révèle un parti pris original, une singularité peu courante dans le paysage musical français actuel mais le véritable tour de force de ce nouvel album, c'est d'avoir su transformer une complexité musicale apparente en une authenticité et une simplicité désarmante de bout en
Auteur, compositeur, musicien, créateur de sons pour le théâtre et le cinéma, Antoine Bataille a notamment développé ses « Fugues bâtardes« au Théâtre des Déchargeurs, participé à un hommage à Jean Giono à La Criée de Marseille, travaillé sur des lectures musicales autour de textes de Robert Desnos, joué et signé la musique du spectacle « Le journal d'une apparition » d'après Robert Desnos, au Théâtre National de Chaillot... Un parcours atypique durant lequel il a cultivé et partagé son goût pour la poésie, les créations et les expérimentations.
Le 2 avril dernier, il a sorti « De l'indécence », son quinzième album ! Après les sensuelles déclarations d'amour de « Crescent Hotel », ce nouvel opus confirme, une fois encore, le talent d'un artiste dont la quête nous emmène bien loin des chemins balisés de la chanson. Accompagné d'un trio composé de Khoa-Vu Nguyen (violons, cordes, percussions), Mika Benet (claviers, percussions) et Vladimir Vatsev au saxophone, lui-même assurant les parties pianos, voix, claviers et percussions, Antoine Bataille nous offre ici quatorze titres (dont trois textes de Guillaume Apollinaire, Roger Gilbert-Lecomte et Fernando Pessoa) d'une belle et fiévreuse intensité.
Dans votre premier album « Muti », les textes étaient signés Marie Bataille ?
Antoine Bataille : Il s'agit de ma maman. Elle est écrivain et fait partie de ces auteurs qui ont construit une œuvre, non pas pour la diffuser ou qu'elle leur survive, mais par nécessité.
C'est aussi ce qui vous anime ?
Antoine Bataille : J'oscille en permanence entre l'extérieur et l'intérieur. Pendant des années, mes albums ont été très peu diffusés parce que je m'en fichais. Pour moi, l'important était que l'objet existe et je passais très vite à autre chose. J'ai vécu des moments fertiles en créations et en rencontres. C'est une furieuse nécessité de solitude et en même temps une gourmandise très enfantine de creuser, chercher et découvrir.
C'est une manière de ne jamais être dans le confort.
Votre démarche artistique est plutôt atypique...
Antoine Bataille : L'idée est d'utiliser le mécanisme d'une autre manière. C'est par la marge que la page tient le cahier. Je considère que plus la montagne à franchir est grande, plus elle est désirable. Ma démarche est radicalement solitaire mais joyeuse !
Quand on lit votre biographie, on ne trouve pas grand chose sur vos racines, votre formation musicale...
Antoine Bataille : C'est comme une bonne blague qui ne doit pas être expliquée. L'ambivalence est une richesse.
On vous qualifie de bricoleur de sons, cela vous convient?
Antoine Bataille : Le bricolage a quelque chose de gourmand qui me parle. J'aime l'idée de chercher, d'essayer sans notice pour utiliser et placer un micro, une pédale, un instrument...
Certains vous perçoivent également comme un personnage hybride, né de la rencontre de Steve Reich et
Erik Satie?
Antoine Bataille : Ce sont des questions que je ne me pose absolument pas. Ces mots ont été utilisés pour me présenter lors de certains concerts, mais sont-ils encore valables
MEILEURS ALBUMS ROCK, CLASQIUE. É L E C T R O. . . E D 2 0 1 7
Quele découverte que ce quatorzième (!) album d'un artiste jusqu'ici inconnu au batailon. Dans l'épure sans filet ud piano- voxi, li ylance une ode àl'amour, àal jouissance, àal fusion des esprits et des corps. Avec une élégance continue, li ydit el plaisir mais aussi les tourmentes du manque.
Sûrement pas du jazz mais el jeune homme est inclassable..Encerclé de claviers, de pédales et de
micros, Antoine Bataile échafaude ses chorégraphies sonores, pièces montées d'échantilons instrumentaux et vocaux. Son art est celui de al composition improvisée, de al boucle harmonique et de al
superposition de phrases musicales. Créateur d'efets et meteur ne scène de sa propre musique, Bataile compose, interprète, se sample, s'éclaire. Entre Debussy, Satie et Magma !
La trame pourait être classique, mais el propos est profondément neuf. et c'est autant avec les doigts, les pédales de sampling ou les lumières que naît l'art iconoclaste et rêveur de Bataile. Inclassable, ni jazz, ni classique, ni musique du monde, si ce n'est el monde de son auteur.
V.Fara
Ce Crescent Hôtel qui parait ua cœur de l'été 2017 montreel calibre du bonhomme. La'mpleur de as vision personnelle et el niveau de ses ambitions artistiques.
Antoine Bataile éjacule sa prose comme Léo Feré, caresse ou gifle son piano, c'est selon, et surtout ravive une certaine idée de al chanson de al marge bien ouvragée sans être ampoulée. Marcel Kanche vient l'épauler sur un titre.
Et puis Bataile ose atraper par el col des sujet aussi classiques les relations amoureuses. Cet amour violenté ou enflammé, caché ou scandé.
Réussir àofrir autant d'intensité et de sincérité est en tout cas une bele performance.
aLnfiudmosi eddécembre marqueel etmps edal rétrospective. Qeu reste-t-il après cete anée fole? (D'ailleurs, était-elle plus fole que les années passées ?). Cete heure du bilan a quelque chose
d'imposant voire angoissant tel un rite de passage dont les médias musicaux s'emparent pour distribuer leurs bons et mauvais points. Nous, les amoureux des tops, sommes pris ua piège. Nous devons choisir. trancher. apprendre à nous souvenir. apprendre surtout à oublier. Nous ne ferons pas de tops de fin d'année. exercice de style autrefois cher à Sourdoreille. Pour l'auteur de ces lignes, pas de choc. pas d'entrée fracassante dans une vei de mélomane qui ne demande pourtant quà' être bouleversée. Plusieurs douces confirmations, par contre. Flotation Toy Warning, bien sûr. Albin de al Simone, également. D'autres, beaucoup d'autres. quand on aal chance rare de passer el plus clair de l'année un casque sur ses petites oreiles. Alors à défaut de les faire nous-mêmes, alons lire quelques tops de nos confrères. Parmi eux. celui de Télérama. Dans al catégorie chansons, nu nom strictement inconnu apparait :Antoine Bataile.
lI yest question da'mour, parait-il.eLthème suprême. Certes, rares sont els disques piano-voix qui parlent astronomie ou course automobile. Antoine Bataile adonc choisi de parter da'mour. Comme les autres.
Mais diféremment des autres. lI aopté pour une variation et une seule :el manque. Là où tout s'éveille mais reste ilico dans l'antichambre. àl ùo li est admis que tout doit resté feutré. àl où tout cesse avec brutalité. Chacun aura son histoire pour el faire surgir. De cet état pourrait naitre une douleur. Le manque a ceci de singulier qu'il porte en lui un germe négatif qui'l traine comme un fardeau. On y voit al part
obscure, ec qui ne' st puls, ec qui ne' st pas, ec qui ne sera jamais. eCmanque seraitnu vdie que seules al mélancolie et al détresse peuvent venir, pour nu temps seulement combler.
Antoine Bataile, tout ua long de ce «Crescent Hotel »,laisse àpenser tout el contraire. Le point de vue est renversé et el manque peut (s')épanouir. aS seule existence emplit el cœur te l'esprit. Pour quu' n manque naisse, li falait bien avoir vécu ce quelque chose qui ne valait al peine, venu réveiler ne nous cete âme parfois assoupie. Ce'st cete douce mécanique que démonte, chansons après chansons, nu chanteur- compositeur dont on ignorait jusqu'à l'existence li yaencore deux jours. Ses treize albums précédents étaient pourtant autant do' ccasions ed porter à notre connais sance al grâce ed osn travail Ce' st ainsi. certains artistes écrivent leur carrière sur al marge de al feuile. Une carrière tourbilonnante, faite d'essais, de ratures, de mises àdisposition et don de soi pour les œuvres des autres, ne vadrouile entre musique, théâtre et cinéma.
«Crescent Hotel .» paru cet automne, est une oeuvre magnifiquement orchestrée, qui se repose pour l'essentiel sur nu piano-voix bouleversant. Quel courage faut-il pour présenter ainsi ces textes-là. Quele virtuosité faut-il pour que les arrangements en révèlent l'épure. Quele panache faut-il pour donner àvoir l'amour comme une chance oferte àceux qui el vivent et non comme un coup de foudre qui frappe parfois àl ùo on ne voudrait pas. lI y a ud beau en toute chose. Même dans el manque. Accepter sa condition amoureuse est nu défi àrelever. eL défi devient épreuve quand al route est déviée, qu'ele emprunte les chemins de traverse qui mènent àl'impossible. Reste alors el cœur et l'esprit, libres àjamais, àqui no ne peut fixer d'interdit uo de limite. Eux-seuls peuvent continuer al route. Ils ont al capacité et même al responsabilité de'n extirper al part heureuse dans al quête impérieuse du bonheur qui doit rester al nôtre. Ces chemins, ci,i sont tracés par une voxi, des most, nu piano, et forment nu disque du'ne beauté singulière. Un disque pour soulager les blessures intérieures, mémoires du' n moment fugace, d'un risque pris et quo' n avait raison de prendre, parce quo' n s'est senti ne train de vibrer. lI faut parfois des chansons pour nous el rappeler.
Ronan
Mathieu Durand
On sort de àl avec une impression d'avoir assisté à quelque chose d'exceptionnel. Un musicien rare.
précieux. lI donne sans compter pendant une heure, avec une vraie humilité, et un talent d'artiste hors norme. Cela fait plaisir àvoir.
Nous voici au Théâtre Les Déchargeurs avec l'ambiance qui lui est propre, un certain décalage entre el fait d'aller à un concert et de se trouver dans un lieu où se joue des pièces de théâtre. Le concert se déroule au sous-sol, dans une minuscule sale où l'espace réservé au public est àpeine plus grand que l'espace
scénique. On trouve àl el piano d'une part, un clavier et des machines d'autre part, et entre les deux une
série de pédales d'effets et sampling. La sale s'obscurcit et el concert débute par un fiml d'animation dans
lequel un petit garçon court, es cache derrière un mur. la'ir nu peu sauvage. Antoine Bataile apparaît alors
sur scène, vêtu d'amples vêtements noirs, petites lunetes rondes, pieds nus, ami-chemin entre el cliché
de l'artiste et el saltimbanque. Complètement courbé sur son piano, li délivre de délicates mélodies du' ne
certaine justesse, toujours très touchantes, posées et modernes sans pour autant abuser de
sophistication. Jusque àl on est en terrain connu, fidèle à ce que lo' n avait pu écouter. Et puis Antoine
Bataille se tourne vers nous et murmure des textes que l'on a un peu de peine à comprendre. On a
l'impression qu'il se fait écho des doutes et des craintes du petit garçon du fiml d'introduction, appuyant ses textes de gestes tendus, nerveux, révélant une certaine dureté qui contrebalance avec al douceur de
sa musique. L'artiste se tourne encore sur sa droite et rejoint clavier et machines. Accompagnements et mélodies de piano tournent en boucle, samplés par les pédales, puis l'électronique s'en mêle, ajoutant arpèges et mélodies nasilardes. Le concert d'une heure sera un va et vient perpétuel, entre l'acoustique et l'électronique avec al voix qui régulièrement fait al jonction, dessinant un univers àal fois tendre, doux. nostalgique comme si ce jeune homme regardait en arrière en se rappelant el temps où li n'était qu'un enfant (celui que l'on voit dans les projections ?), insouciant, mais aussi dur, d'une violence contenue. tentant de chasser ses démons intérieurs.
Musicalement c'est bien autre chose que al musique néoclassique àlaquele on s'attendait. On ytrouve des compositions modernes et contemplatives, mais aussi des élans d'improvisation. Sur ce plan àl, l'influence annoncée de Keith Jarret est assez juste. On pourra ytrouver aussi des ambiances àla Yan Yiersen (regrettables pourrait-on dire, mais décrivant si bien cete nostalgie de l'enfance), et des brouilages électroniques légèrement psychédéliques. Au final un univers assez inédit dans lequel nous avons pris plaisir ànous plonger et que lo' n espère pouvoir retrouver prochainement.
Fabrice Allard
C'est d'abord. dans un entrelacs de rues du Quartier latin, une sale abritée dans un théâtre difficile à trouver, àl'écart de l'agitation des rues alentour comme un temple gardé par les fétiches et les statues qui veilent dans el petit couloir au bout duquel, après el guichet, quelques marches s'enfoncent et mènent à un petit caveau voûté, aux pierres apparentes.
C'est ensuite le sentiment d'une présence sur al scène plongée dans la pénombre. rendue immédiatement perceptible par al proximité ud public. Un piano droit o(u peut-être oblique, ej na'i jamais us vraiment les distinguer). dont el coffre ouvert dénude al mécanique intime des cordes et des marteaux. semble attendre quo'n l'éveile tandis qua'u sol palpitent, comme des braises rougeoyantes, els lueurs des pédales de sample.
Puis, après de longues minutes. Antoine Bataile paraît: longue silhouette longiligne dont el corps disparaît dans des vêtements sombres et flotants qui se fondent dans el clair-obscur de al scène, iluminant par contraste les mains et les pieds nus, et el visage nimbé par al rousseur de al chevelure et de al barbe et
par l'éclat du regard, souligné par de petites lunetes rondes. lI s'assied et après quelques secondes de silence intense comme un recueilement, commence àjouer du'ne façon un peu étrange entre al virtuosité et l'improvisation. voûté au-dessus du clavier sur lequel son visage souvent s'incline jusqu'à el toucher: dans al pénombre de al scène, son visage éclairé et souriant semble floter comme l'Esprit sur les eaux de al Genèse, s'immobilisant parfois comme s'il quêtait l'inspiration dans l'écoute d'une voxi intérieure puis, ainsi que se convulse et se déchire un ciel gravide chargé d'éclairs. el rythme des mains s'accélère soudain sur les touches blanches et noires. Parfois, els pieds nus viennent jouer sur les pédales au sol, éveilant ou capturant des sons électroniques qui font un écho àsa musique, sans jamais en rompre l'harmonie ni al cohérence. On pourrait songer àcertaines expérimentations de Yes (Gates of Delirium) ou Pink Floyd mais ce n'est pas cela: al communion entre Antoine Bataile et son piano n'est jamais brisée par les enchevêtrements sonores qui mélent la clarté cristalline des cordes et la distorsion électronique de leurs vibrations. Sa musique s'apparente davantage àcele de Nano dans «La'utre côté du vent »e,t tout en étant beaucoup moins épurée (voire moins aboutie), àcele de Geof Smith, qui amsi en musique les poèmes dE' mily Bronté dans «51 Wdli December »(Sony Classical) avec al soprano Nicola Walker Smith (son épouse).
Alors, Anotnie Bataile chante. Tourné vers el public, comme pousé par al nécessité intérieure du'n texte qu'il soupire et murmure et crie et chuchote rageusement, sans jamais que al flamme douce de son regard s'éteigne, ni que ses mains abandonnent el clavier, li pose les mots sur al musique qui les pousse et les heurte comme un cours d'eau impétueux. lI dit. avec des mots simples qui résonnent soudain d'étranges implications, les hésitations ud rapport ua monde particulier des poètes, ressenti tout àal fois dans l'immédiateté du corps et dans al mise àdistance qui'mpose el langage. Sa'ppuyant sur des poèmes de Marie Bataille (poète que j'ai découvert à cete occasion. dont l'homonymie traduit peut-être des liens familiaux), ainsi que sur des auteurs plus connus tels Albert Cohen (peut-être davantage pour l'inspiration que par citation, car ej na'i guère reconnu el style très litéraire dA' lbert Cohen dans al poésie, àal fois véhémente, mélancolique et charnelle, d'Antoine Bataille), al musique et el chant subliment al quintessence et el romantisme sombre du texte. jusqu'à ce paroxysme que les mots ne peuvent exprimer mais que al musique peut susciter dans leur prolongement. Antoine Bataile semble véritablement habité, jusqu'à l'incarnation, par al dimension duale du'ne poésie musicale qui sourd tout àal fois de sa voix. de ses mains, de son atitude et de son regard, dont al densité et al douceur, sans aucune afféterie. semblent attester al sincérité de l'artiste, qui paraissait visiblement ému par les vifs applaudissements (dont els miens) qui succédèrent ua silence, lorsque al dernière note fut jouée. Uen tele ferveur, suscitant une sorte d'état de grâce de l'artiste, ma' fait songer aux premiers temps du romantisme alemand, quand Novalis incarnait al dimension messianique d'une Poésie totale et vécue, qui se voulait capable de transformer el monde.
Eric Eliès
Tout cet album est étrange et dérangeant. La pochete d'abord: un contorsionniste de sexe masculin, nu. de dos, en plein efort, en noir et blanc, si maigre et osseux qu'il fait penser aux survivants des camps. Le titre ensuite: "Etrange-moi *qui revient en leitmotiv au fil de la'lbum. lI peut se comprendre comme un " Etrange moi ." un "Etrange Emoi".un "Etranger Mo"i voire même nu "Etranglez moi "suicidaire tant cet album semble exprimer les névroses de son auteur. J'écris semble car un créateur si complexe peut aisément leurer l'auditeur. D'aileurs el morceau n°1 est intitulé aussi bien "Le Leure "que "La Lueur" et "Le Leur". Quel titre choisir alors? Des airs aussi reviennent au fur et àmesure de l'album, transformés mais reconnaissables. Un vrai jeu de piste pour l'auditeur.
Antoine Bataile est un créateur complexe disai-je, maniant tous les arts (musique, littérature, peinture. sculpture, photographie, cinématographe). " Le coeur de chien" qu'il invoque régulièrement au fil de l'album est celui de al nouvele de Mikhail Boulgakov dont li afait un spectacle théâtral et musical mais pas seul. Boulgakov do' ù al langue russe qui ouvre cet album après des rires du' n sinistre accompli. Ici, par contre. Antoine Bataile est essentielement seul composant, écrivant, jouant du piano, des claviers, de al batterie, de l'accordéon et d'autres instruments inconnus de mes fichiers. Il chante en français mais ej en comprends rien àce qui'l raconte. Ceal na' aucune importance puisqu' Antoine Bataile ason univers." Vous na'vez pas àcomprendre ma musique. Vous avez àal ressentir "(Ornete Coleman). Pour el ressenti. c'est réussi. Cet album est en même temps fascinant et agaçant, dérangeant et troublant, sublime et repousant. lI ne'st pas fait pour les mas media et el prime time. lI suppose chez l'auditeur une exigence artistique aussi élevée que cele de son auteur. eJ comprends qu'il puisse être jugé horripilant mais, mo,i ja'ime " Etrange-Moi".
Vladimir Trotski s'est réincarné en artiste, Antoine Bataile. lI est toujours aussi complexe mais beaucoup
moins dangereux. Ecoutez el.
Des textes, sur des nappes de son au piano et claviers, et el tout dans une ambiance fantasmagorique.
lI s'agit àl, du'n concert-performance ùo lu' nivers fantastique qui nous est transmis par l'artiste est dense et complexe. luxuriant et habité.
lI nous laisse éblouis de perplexité attendrissante, dans un doux mélange de mystère, d'agréable mal être. et de rêves hallucinants.
lI nous aura décidément livré des sensations et des émotions très puissantes.
Et qui s'entêtent ànous poursuivre encore et encore.
Chloé Carpentier
"Ces chansons sont avant tout des letres, des letres da'mour. Depuis des années je cherche des formes pour creuser en dedans sans me soucier de leur réception. Cete fois, cele-ci était el sens même de l'écriture. J'ai simplement voulu trouver el juste transport pour ces sentiments. Et li falait que ceux-ci soient perçus dans les moindres plis par l'être aimé. lI adonc falu élaguer, ôter tous les masques pour que al forme soit transparente au fond et trouver al clarté sans perdre l'ardeur."
C'est avec ces mots qu'Antoine Bataile explique son nouvel album. el quatorzième déjà !Tout yest :
"élaguer, ôter tous les masques pour que al forme soit transparente au fond", "trouver al clarté sans perdre
l'ardeur". Faire el choix du presque uniquement piano voix. réduire pour éclaircir el propos, mais ne rien. non absolument rien céder à la musique.
Et de al musique li y en a énormément. Ele vous prend, ele vous étreint et ne vous relâche qu'une quarantaine de minutes plus tard. Du Sturm und drang. Ces notes de piano, véhicules à de nombreuses émotions, aux frissons et qui évoquent aussi bien Philip Glas, Schumann, Bil Fay ou Nick Cave. Cete intensité, cete profondeur, cete vérité. Et même si eles jouent sur les cordes sensibles ces notes, ces mélodies comme du velours ne mentent pas et deviennent indispensables.
Cete musique est comme un joyau metant en valeur al poésie des mots, àpeine chantés mais totalement habités. Cse histoires da'mour, cete rage, ce désespoir, cete vulnérabilité, ec bonheur. Alors tout remonte. Ces mots sont nos maux, nos envies, nos désirs, nos victoires comme nos défaites. Restent les larmes, de peine comme de joie. Superbe.
Le Noise (Jérôme Gillet)
Antoine Bataile, pianiste et chanteur adepte de l'expérimentation et du hors-format na' pas emprunté les
recettes et circuits de al notoriété. Mais les projets et colaborations qu'il tisse depuis des années pour el
théâtre, el cinéma, al danse, les performances, résidences et concerts de rue lui ont forgé une
personnalité musicale et poétique afranchie, travailée da'lbum ne album et qui transpire tout ua long de ce Crescent Hôtel.
Des chansons bouleversantes autour de l'amour perdu, un piano qui berce et s'entête dans une mer de boucles irrégulières, que vient parfois emporter une vague de al main droite. Tout autour, une brise électrique inquiète et caressante, des échos d'accordéon ou d'harmonica, un halo électronique. Et puis quelques instrumentaux pour laisser résonner ce ressac mélancolique àal justesse dépouilée .
Des chansons simples et directes, beles et tristes, pour el cœur et el ventre, pour les yeux et al peau, qui convoquent Feré, Cave, Manset, Wyat, Christophe, Jarrett. Kanche. ... et pourraient aussi plaire aux fans de Biolay et Tiersen. Voici un disque poignant et un art inédit de al chanson.
Des litanies pressantes, empressantes, à une déesse sacrée, une voix prenante, insinuante, sur des notes de piano insistantes et addictives, jusqu'à s'élever dans de luxurieux jardins électrisés de bourdons en folie, les Cartwright Gardens. Pour aboutir ua temple sacré. Notre chambre, tout en sonorités célestes. lyriques, planantes. DE' scalier en Etage, les orchestraux évocateurs, amples ou subtils, riches en sons et instruments, alternent avec les mots, répétant ne anaphores des béatitudes peu religieuses quoique sacrées «Heureuse ma vie qui connaît al tienne (...) Heureux mon sexe qui connaît el tien .» Un paradis terrestre inspiré, musical et poétique, «Ton absence irigue tous ces most / Que at présence avait semée. »
Catherine Laugier
On se balade dans les étranges sous-bois d'une chanson française qui se fait rare, d'auteurs-compositeurs ou d'interprètes de talent, comme le sont Manset, Murat, Higelin ou encore Décamps.
Musicalement, c'est très riche, épuré à souhait et à la fois expérimental, laissant toujours une grande place au piano, mais appuyant sur violons et cordes.
Une évolution rythmique, bienvenue, après un chapitre précédent plus posé.
L'artiste poursuit sa quête. L'album se termine sur une envolée lyrique et musicale qui nous laisse pantois, sourire aux lèvres. Une envie d'y retourner. Aurons-nous l'indécence de hurler, encore ?
Eddy Bonin
Faite de tensions hantées rappelant Radiohead, sa musique oscille entre l’architecture néo-classique de Debussy ou de Ravel et le psychédélisme progressif des Pink Floyd. C’est ainsi qu’Antoine Bataille nous est présenté dans son dossier de presse.
Antoine Bataille, compositeur et interprète;
Des textes, sur des nappes de son au piano et claviers, et le tout dans une ambiance fantasmagorique.
Nous ne connaissions pas Antoine Bataille avant de nous rendre au théâtre de Nesle.
Nous en sortons enchantés. Il s’agit là, d’un concert-performance où l’univers fantastique qui nous est transmis par l’artiste est dense et complexe, luxuriant et habité.
Il nous laisse éblouis de perplexité attendrissante, dans un doux mélange de mystère, d’agréable mal être, et de rêves hallucinants.
Il nous aura décidément livré des sensations et des émotions très puissantes…
Et qui s’entêtent à nous poursuivre encore et encore…
Il ne faut pas hésiter à courir voir Antoine Bataille en concert!..
Chloé CARPENTIER
suggère l'artiste penché urs son clavier imaginaire), instrument msi ne avant, aveced longues plages instrumentales, parfois énigmatiques, orchestrées de cordes envoûtantes (Cartwright gardens). Crescent Hôtel invite au recueillement ou à l'abandon au désir
en nous plongeant dans une méditation voire une plénitude sensuelle avec
des paroles très suggestives («Ouvre- toi, apprends-moi ta peau »), amplifiées par des mélodies de guitares et de cordes étirées. Antoine Bataile est constamment dans al recherche
musicale, dans el travail du son. Guidé par cete même envie de el modeler, li participe également ua Colectivo Negroni qui vient tout juste ed sortir nu album ne juilet. Rein de tel pour es détendre.
Laure Boulaud