Le Colectivo Negroni est le point de jonction de quatre parcours, quatre approches radicalement différentes.

Khoa-Vu Nguyen, violoniste classique friand d’improvisation. Juan Manuel Hauser, guitariste et chanteur de tango après avoir formé plusieurs groupes pop en Argentine. Mika Benet, ingénieur du son, chercheur en électro-acoustique, chanteur et multi-instrumentiste. Antoine Bataille, pianiste, clavieriste, chanteur qui oscille entre musique expérimentale et chanson.

Le croisement de ces couleurs fut si naturel que dès les premières sessions en 2018 une musique bâtarde apparue instinctivement. Chacun cherchant le déséquilibre en plongeant dans l’univers de l’autre. Sans théorie, sans préméditation, sans discours… juste jouer.

Le groupe fut invité en résidence à Harlösa en Suède pour une tournée et l’enregistrement d’un premier album dans le studio de Jaakko Viitala.

John Cane est un musicien bien connu dans les rues de Durban. Il y joue de tous instruments dans toutes esthétiques et intrigue les passants par la variété de ses styles vestimentaires. Richement apprêté un jour, en guenilles le lendemain, il peut hurler des insanités ou vous saluer avec beaucoup d’égards.

Il souffre en effet d’un trouble dissociatif de l’identité depuis son enfance. Ce handicap l’a exclu de toutes les académies en dépit de sa virtuosité précoce.

Repéré par d’illustres producteurs et musiciens (Steve Albini, Thom Yorke, Jonny Greenwood, Damon Albarn, Paul McCartney…), il a toujours refusé les propositions de diffuser son travail en dehors des rues de Durban.

En 2022 il rencontre Antoine Bataille. Il croit voir en lui une forme de réincarnation de Fernando Pessoa du fait de ressemblances flagrantes amplifiées par son syndrome de TDI. Un lien d’une grande force se tisse immédiatement.

Ce lien a permis la fondation du groupe Fever Garden et l’éclosion fulgurante du Pessoa Project composé d’après les poèmes anglais que Fernando Pessoa a écrit suite à son enfance Sud-Africaine.

La confiance absolue et cette identification à Pessoa ont permis à Antoine Bataille de faire éclore en Cane l’idée d’une large diffusion en dehors des rues de Durban.

C’est donc un évènement secrètement attendu par une confrérie d’admirateurs de Cane qui n’osaient plus espérer d’album tant ses refus d’adhérer à un système hostile étaient catégoriques.